Quand Lama pas content, Lama faire conférence.

Publié le par Artur et Zoé

Bon, comme prévu avant-hier nous sommes allé voir le Dalaï Lama parler de paix et de bonheur.
Il faut quand même raconter en détail parce que Monsieur Lama n'est pas qu'un produit marketing bien packagé, il est aussi un personnage hors du commun qui dégage véritablement quelque chose de prenant. Un peu comme le saucisson à l'ail.


Nous nous installons dans nos siège et attendons. On diffuse sur des écrans géants une animation qui montre quelques photos de notre hôte à divers moments clés de son éxistence: sur les genoux de sa môman à 3 ans, aux côtés de Monsieur Bush, avec Richard Geere... mallheureusement le dvd qui renferme ce précieux document semble être rayé et on se retape les dix premières minutes en boucle pendant que Lama en finit avec sa conférence de presse dans une pièce attenante..
Puis il arrive, dans un délai très raisonnable, deux amis à lui pipautent dans leur flute, coiffés de couvre-chefs crêtes jaunes du meilleur effet. Il s'avance doucement et se plie poliment à tout le protocole fastidieux qu'on lui impose, un cadeau par-ci un machin truc honorifique par là, et vas-y que je t'emmitouffle dans l'écharpe de la paix en triple coton surimprimé alors qu'il fait 35 à l'ombre et allez le collier de fleur traditionnel. 
Le bonhomme est silencieux et très souriant, un air très malicieux. Je le surprend durant un discours de présentation décrivant son existence par le menu tant soi peu ennuyeux à manipuler et sentir les fleurs que l'on a déposé sur la table basse qui lui fait face. 
Vient le moment pour lui de parler, on va enfin entendre sa voix. Il enchaine une bonne quarantaine de mercis sincères au technicien à chacuns des nouveaux ajustements de son micro. Puis il annonce dans un anglais hésitant et lacunaire qu'il doit tout d'abord s'asseoir confortablement avant de parler. Se met en tailleur et attaque.
Il parle doucement avec des intonations franches, une voix qui bascule dans les graves ou les aigus pour accompagner ses propos . Je ne sais pas si c'est bien respectueux mais je trouve qu'il s'exprime d'une manière très proche de celle de maître Yoda, il répète d'ailleurs à maintes reprises la rengaine de ce dernier: "la peur menne à la colère...".
Il nous avertit tout d'abord: il n'est pas un être extraordinaire, ne possède aucun super pouvoir et ce qu'il a à nous dire n'a rien de bien original. Ceci se confirmera. Oui mais voila, voila un gaillard de 73 ans qui, devant un auditoire de plusieurs milliers de personnes imite avec candeur et simplicité le chaton qui tète sa mère. Un type qui répond tout naturellement quand on lui demande de raconter un des moments les plus heureux de sa vie que c'est le jour ou il a finit ses études et ou il a pu remiser tous les livres compliqués qu'il avait du étudier au fond d'un placard. Puis, se reprenant, cite le second épisode plus judicieux mais moins savoureux de son exil vers l'Inde. Il nous parle longuement. Fait beaucoup de blagues, rigole énormément.
On lui présente à la fin une gigantesque toile blanche ou on lui demande un autographe, un de ses assistants lui signifie d'un geste ample de la main qu'on s'attend à qu'il occupe le plus de surface possible. Lama, imperturbable griffone quelques minuscules pattes de mouches au centre de la toile. Discrètes mais- n'en doutons pas- magnifiques, (du reste on ne saura jamais on était trop loin pour voir en détail).
 Puis il revient sur le devant de la scène, salue tout le monde, pas par grands signes balancés à la foule, impersonnels, comme on nourrit de grains les volailles, par petites touches successives, comme un impressioniste, " bonjour, madame, troisième rang, bloc C, siège 34, bonjour monsieur de la police, belle moustache, merci de m'avoir écouté salut homme blanc, grand patron pétrolier, premier rang (off-course)". Il s'en va.

Le seul point majeur sur lequel nous restons en désaccord est que ce dernier pense que les tortues ne sont pas capables de compassion alors que, pour avoir pu nager avec l'une d'elle qui, consciente de notre triste sort d'humain nous a laissé l'approcher et partager un peu de son intimité, je suis persuadé qu'elles en sont immensément pourvues. Pour compléter donc le message du Lama qui pense que la compassion est un sentiment universel car biologique j'ajoute que je suis intimement convaincu que celui-ci peut aussi s'acquérir. J'en veux pour preuve la tortue justement.

A bientot les groustiflore hermaphrodites!

Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
Commenter cet article
D
Maintenant le pauvre Dalaï il est à l'hopital à New Delhi... alors va falloir se mettre au boulot et écrire un nouvel article ... <br /> bizz
Répondre
P
Quand lama pas content, lui cracher un sort sur le blog Chennai-Cholie et plus d'article pour les gentils lecteurs ?
Répondre
C
Ho ben moi aussi j'aurai bien aimé le voir Monsieur Lama... c'est quand même quelqu'un de bien... non ?
Répondre
P
Poursuis tes efforts, petit s'cabaré...
Répondre
G
Moi j'aime bien le dessin du lama vert à grandes z'oreilles... et le reste aussi, malgré quelques réticences, que je dois bien avouer quant à admettre sans plus de démonstration la solubilité de la tortue marine dans la compassion.
Répondre